La Compagnie Les Signatures est partenaire de La Ballade de Souchon, un spectacle musical mis en scène par Françoise Gillard, qui sera présenté au Studio-Théâtre de la Comédie-Française.

« J’ai toujours observé le monde comme il est et j’ai toujours regardé les gens s’aimer – amour qui parfois ne marche pas d’ailleurs. Je fais des chansons avec ma vie, mais c’est la même vie que tout le monde. Je trouve que les filles sont jolies, qu’elles ont de beaux sourires. J’arrive simplement à mettre des mots là-dessus. »
Alain Souchon

Alain Souchon.

Comme il est difficile de résumer cet homme en quelques mots.

Je pourrais écrire ceci : un chanteur discret et rêveur qui traverse le temps, notre temps. Son premier titre L’amour 1830 sort en 1973, son dernier album Âme Fifties reçoit la Victoire de la musique du meilleur album de l’année 2020.

Dix Victoires de la musique, deux César. Presque cinquante ans de carrière.

Tout le monde connaît Alain Souchon, ou du moins tout le monde a déjà entendu l’une de ses chansons. Il semble invraisemblable d’être « passé à côté » de sa voix. Allô maman bobo, Sous les jupes des filles, Quand j’serai K.O., J’ai 10 ans, Ultra-moderne solitude… la liste des tubes est très longue.

Pourtant, il ne cesse d’échapper. Comment le définir, comment raconter ce chanteur à contretemps, toujours en dehors du courant principal ?

« Un éternel adolescent au spleen tout baudelairien » comme il s’esquisse lui-même, qui fut un enfant impatient de devenir adulte et déçu une fois arrivé dans le monde des grands.

« Alain Souchon est le neurasthénique le plus drôle que je connaisse » confie Catherine Deneuve.

« C’est un type modeste, fragile et authentique dans la vie, c’est l’antihéros, profondément, sincèrement » dit de lui Jean-Louis Trintignant.

La jeune génération ne s’y trompe pas, elle s’empare de ses textes avec gourmandise, M, Tété, Izïa, Oxmo Puccino et bien d’autres « chantent du Souchon ». Sans doute parce que son regard sur le monde est lucide et sa colère douce.

Ses textes ont traversé le temps et résonnent encore aujourd’hui parce qu’il évoque simplement ce qui fait l’humain, ses troubles, ses émotions, ses fragilités. Il partage les brisures et les instants de joie. Nous ne sommes plus seuls à les vivre. Nous écoutons cet homme mettre des mots dessus. Sa voix nous réconforte, avec toute la force de sa poésie.

Ainsi plus on tente de cerner Alain Souchon, plus il fuit. Nous attrapons à peine quelques éléments récurrents : un pull qui a traversé le temps, un regard bleu cocker, des cheveux en bataille, une voix timide et un homme qui s’efface à peine la musique s’achève.

Avec ce premier cabaret de la Comédie-Française consacré à un artiste vivant, je voudrais, en toute tendresse et humilité, donner à entendre cette proximité et cette complexité, et ainsi mettre à l’honneur cet homme profond et sensible, qui nous parle de nous. Je voudrais rendre compte de son univers et de sa liberté. Comédiennes et musiciens s’empareront de ses chansons et créeront cette « atmosphère souchon » qui oscille entre poésie mélancolique et chronique sociale parfois grinçante.

Alain Souchon sera également partie prenante du spectacle, à travers des documents d’archives, des extraits d’interviews et des textes qui l’ont marqué comme La Loreley de Guillaume Apollinaire. Les mots d’Alain Souchon, sa voix, nous accompagneront donc dans ce voyage, éclairant les morceaux choisis.

Le spectacle se déroulera en valsant sur les thèmes qui sourdent de ses chansons : l’enfance, la nostalgie, la solitude, l’amour, le regard sur la vie depuis les chemins de traverse, l’engagement par la douceur.

Ainsi, par touches, biographiques, musicales, poétiques, nous esquisserons le portrait de cet artiste qui nous accompagne depuis si longtemps.

Dans ces temps tourmentés, dans les déchirements de notre présent, nous nous nous baladerons avec Alain Souchon, à côté du monde. Pour mieux le regarder, l’entendre et le vivre.

Françoise Gillard
Septembre 2021